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8 Mars… A plate couture

Ce qui est bien le 8 Mars dans mon quartier de Camaroes est que toutes les femmes (ou presque) sont en fête alors même qu’il s’agit juste d’une journée internationale, tout ce qu’il y a de plus banal.
Mais parfois, quand le hasard ou la malchance s’en mêle, on peut passer un 8 Mars mémorable.  Voici l’histoire.

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Ekobena venait de prendre sa retraite. Entre ses journées désormais libres, il s’appliquait à lire, écrire et dormir.
Son épouse Anatha (diminutif de Anasthasie) était de celles qui vous disent : “Toi tu es quel genre d’homme qui reste trop à la maison? Il faut un peu traîner dehors avec tes amis non?”
Eh oui… Anatha n’était pas de celles qui sont spécialement jalouses, estimant qu’un homme doit jouir (et le verbe n’est pas faible) de sa liberté.
Anatha était donc partageuse avec son mari, lequel, chaud lapin, enchaînait conquêtes sur conquêtes.  Et il se vantait de ce que son épouse lui était fidèle depuis les vingt cinq années qu’avait duré leur union concrétisée par deux jolies filles.
Un soir, Ebanda, un des amis d’Ekobena en visite chez eux s’était amusé à lui demander si, sachant que lui est homme à femmes, sa femme Anatha n’allait pas un jour aussi le tromper de façon éhontée. Deux minutes plus tard, il était étalé sur le trottoir après un vol plané, face contre terre, respirant le mélange de poussière et d’eau s’écoulant des fosses sceptiques du quartier jamais vidangées.
Oui Ekobena était jaloux.
Comme un pou. Comme un fou.
Ce qui était à lui était à lui. Un point et c’est tout.
Et ses nombreuses maîtresses avaient déjà tâté de ses poings.
Endale par exemple, la jouvencelle qui avait eu le malheur de décrocher un appel telephonique vers 21h puis s’éloigner en disant “je suis seule. C’est le son de la télé…” alors que Ekobena lui rendait visite.
Le téléphone avait fini en miettes.
Endale avait fini à l’hôpital.
Face à des infirmières qui lui disaient: “Ma cherie un homme qui te bat t’aime, hein. Il ne faut plus le provoquer!”
Mais malgré toute sa violence, Ekobena n’avait jamais levé la main sur Anatha. Et il était convaincu qu’il n’aurait jamais besoin de le faire.
Un matin du mois de Mars commençant, Ekobena alla faire les cent pas dans le quartier. Il revint quinze minutes plus tard avec une nouvelle affligeante. Le tailleur du coin, Abdou, un nordiste était mort la nuit précédente. Et enterré immédiatement selon les rites musulmans.

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A l’écoute de la nouvelle, Anatha s’écria
” Akieeee! Abdou est mort? Ekekeleeeeh!!! Sa mort me fait troop maaaaal.”
Ekobena visiblement sous le choc… perdre un voisin aussi brutalement ça vois secoue toujours… voulut consoler sa femme en lui disant que c’est la vie.
Tête basse, l’air grave, il entendit Anatha poursuivre en disant dans un sanglot… “Je va faire comment ehhhh… Abdouu… tu meurs maintenant. .. Chaque 8 Mars, c’est toi qui me couillait le…. heuuu… qui me couhait le…”
Ekobena avait bien entendu. C’est Abdou qui était l’amant de sa femme chaque 8 Mars. Donc la légende qui veut que lors de chaque Journée Internationale de la Femme, celles ci se laissent aller avec le premier venu était vraie… Ainsi depuis des années Anatha le trompait. Et c’est pour cela qu’elle acceptait qu’il collectionne les conquêtes féminines. .. Une traitresse, un grand mère “panthère”… En plus, si ses filles etaient toutes les deux nées en Décembre c’est donc qu’elles furent conçues en Mars… akieee… Ekobena ne fit ni une, ni deux… une pluie de coups de poings dignes Mike Tyson s’abattit sur Anatha qui n’avait rien vu venir. Elle se reveilla à l’hôpital. Sa soeur a son chevet. Cette dernière lui demanda pourquoi Ekobena l’avait battue. Anatha lui dit qu’elle n’en savait rien, qu’ils étaient en pleine conversation à propos du tailleur Abdou mort la veille, celui qui avait l’habitude de coudre leurs tenue du 8 Mars…


Elle n’avait juste pas su conjuguer le verbe coudre.
Abdou lui cousait ses vêtements.
Il ne la “couillait” pas.

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PS: Soulevez les kabas mais n’oubliez pas vos règles de conjugaison.
Bonne Journée internationale de la Femme à toutes.

30 SECONDES DE TROP

Pour certains, le samedi matin est un de ces jours où on profite de la vie, on fait de la grasse matinée (rien à voir avec votre poids mesdames, je vous rassure), vu qu’on n’a pas la fameuse sonnerie du reveil de 5h45 qui retentit du téléphone, qu’on appuie sur “annuler” et… on continue de dormir jusqu’à 7h30 et on est donc forcément en retard au boulot.. bref, le samedi matin, le temps semble s’écouler au ralenti, tout n’est que calme et volupté.

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Mais cela était vrai jusqu’au week end dernier. Je vous vois déjà vous demander ce qui est (encore) arrivé à votre Assako préféré, le Un des Uns, le sel, l’ inique. De toute façon, ma vie de garçon beti vivant au Camaroes, le quartier pauvre très embêté des Crevettes n’est jamais simple.

Alors samedi matin, après une nuit bien arrosée la veille en compagnie d’amis très chers pour ce que nous appelons “Vendranniversaire”, ce concept créé par mon ami Papy visionnaire de notre immersion alcoolisée en 2035 et consistant à célébrer l’anniversaire de chaque Vendredi autour de quelques bouteilles alcoolisées, je me réveille avec une envie pressante. Un tour au petit coin s’impose. Je m’apprête à faire ma petite affaire lorsque je me rends compte, juste à temps qu’ il n’y a plus de papier toilette. Rapide inspection dans la maison, même les sopalin et kleenex, je n’en ai pas. Et le seul magazine que j’aie jamais acheté, qui n’était même pas encore entièrement lu… non. Il ne ferait pas l’affaire. Non seulement à cause de son prix mais en plus à cause de son papier. Se mettre/frotter/nettoyer le rectum avec du papier glacé, je doute que cela soit hygiénique ou approprié.  Je crois plus que ce papier m’en ferait mettre partzou. Bon… passons.

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Je prends la décision de (re)pousser mon envie de quelques minutes et aller à la supérette du quartier m’acheter du papier. J’aurais pu aller au Super U (je connaissais Super Makia, Superman, Super Glue… l’autre ci qui se limite à la seule lettre U… hum) ou au Spar, celui dont tout le monde est fier et dont on dit qu’il n’est pas mal parce qu’il est mall mais… pas le temps, trop loin.

Et là, alors que je me dirige vers la caisse avec mon paquet de rouleaux de papier, les ennuis commencent.
Je rencontre cette jeune femme. Oh… j’aurais du vous en parler avant. Je l’avais dragué lors d’un Vendranniversaire un mois plus tôt. Invitée par je ne sais plus qui. Tout ce dont je me souviens c’est qu’à la fin de la soirée, personne de mes amis ne la reconnaissait comme étant sa petite amie. Une bombe anatomique… Mon corps me dit “Cours! Détale! Fuis! “… Mon coeur me dit “Reste!”.

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Et elle de m’appeler. .. “Hé Stéphane!”
Je ne m’appelle pas Stéphane mais bon… pas grave. Et puis de toute façon, elle peut m’appeler Dieunedort ou Poulapoula que cela m’est indifférent, tant tout ce qu’elle fait est bon.
Mais d’un coup, je me souviens qu’il est 11 heures et que:
1- Je suis pas lavé
2- Je suis mal habillé
3- J’ai les cacas des yeux dans les coins des yeux
4- J’ai un paquet de rouleaux de PQ en main…
Tandannggg … la Saison 1 de la série à succès “La Mort de Mon Charisme” vient donc de commencer.  C’est pas vrai… Qu’est ce qu’elle fout là? Mais je m’entends lui dire ” Hey, ma jolie, Quelle agréable surprise! Mais qu’est ce que tu fais là. .?”… On a discuté, elle m’a fait une blague, c’était pas du tout drôle.  J’ai rigolé. Mais en rigolant je me suis rendu compte que
5- Je ne m’étais pas brossé les dents, donc j’avais l’ haleine d’un soldat du BIR après deux semaines de combats non stop face aux chèvres de Boko Haram. Episode 2 de la Mort de Charisme … mais comme on dit au mboa, mouillé c’est mouillé.

On a donc parlé de tout et de rien, mais surtout de rien. A un moment, elle s’est mordillée la lèvre.  Hhhmmmm je suis sorti de mon corps et ça m’a donné envie de:
– l’inviter boire un verre à l’Etoile
-l’inviter au restau au Dernier Comptoir Colonial 
– l’inviter regarder un (faux) film d’Alphonse Beni au Cinéma Abbia (fermé)
– L’inviter écouter de la musique au Cabaret Yaoba
– La raccompagner chez elle
– Coucher avec elle après avoir déchiré ses dessous achetés chez Candy Lingerie
– Qu’elle me demande si c’est sérieux entre nous et que je dise ouiiii
– L’allonger sur l’herbe d’un parc à Limbe Semme Beach
– L’emmener manger de la Salade Bitchakala à Tchop et Yamo
– La présenter à ma famille, à mes amis et changer mon statut Facebook de “célibataire” à “en couple avec”
– L’emmener danser Saint John’s Club
– Partir en vacances avec elle aux Gîtes de Kribi
– Emménager avec elle
– La demander en mariage avec la bague achetée Aux Liens d’Or
– L’emmener faire des achats à Paris Aux Folies de Chacha
– Acheter une voiture puis une maison avec elle
– Qu’un soir, elle me dise “je suis enceinte de jumeaux”
– Qu’elle me demande comment on va les appeler…
– Roméo et Julie !!!
– …Pardon?
– Euhhhh c’est comme ça que s’appellent les jumeaux, les deux poissons que j’ai dans mon aquarium.
– Génial, tu as un aquarium et moi j’adore les poissons. Je peux passer les voir un jour?.. Ce soir?
– Ok, d’accord.  Ce serait sympa.

Mamamia !!! Je ne sais pas ce qui m’a pris mais lors de mon retour sur terre, elle a noté mon numéro.  Avec mon vrai nom. Et moi le sien. Alors que mon corps m’envoyait des signaux pressants et que le gargouillis de mon ventre se faisait de moins en moins discret, elle m’a fait une bise… “A ce soir 18h!”…hhhhmmmm et elle est partie en souriant.

Moi je suis parti en courant. Mais comment courir alors qu’on a la grosse commission qui tient à sortir? On dit souvent chez nous que “Le mensonge n’a pas de longues jambes”… Je l’ai expérimenté croyez moi… J’ai marché (par petits pas vu que là, je n’avais pas moyen d’avoir de longues jambes) jusqu’à mon immeuble, serrant tant bien que mal les fesses, n’y laissant sortir que ces gaz annonciateurs du moment de vérité, grimpé les 80 marches jusqu’à ma porte, mais dans la précipitation je me suis trompé de clé et j’ai perdu trente précieuses secondes. Trente secondes de trop…

J’ai du jetter mon caleçon anglais et mon pantalon. Une véritable cacastrophe.  Pas plus grave que celle qui m’attendait le même soir. Acheter un aquarium et y mettre deux poissons vivants. Plus que sept heures. Oui, mais au fait, on vend des aquariums pas chers où dans cette fichue ville?
Mentir est difficile hein. Surtout le week end. Plus que six heures cinquante huit pffff… Aidez moiiiiiiiii !

Ps: Toute ressemblance avec des faits ou personnes ayant existé ne serait que pure coincidence

Achille Assako
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LE PLUS VIEUX N’EST PAS LE PLUS ÂGÉ

Je vous le dis. Chaque jour, au lever du soleil on ne sait jamais  ce qui se passera dans mon quartier. Et en prêtant attention on verra des choses extraordinaires devenir extraordinairement banales.
L’affaire des âges des habitants du quartier des Crevettes ou Quatta dos Camaroes n’en finit pas de m’étonner. 

C’est ainsi que certains ont trois âges, celui d’origine, celui de l’école/des concours administratifs, et enfin celui des “papiers” pour les voyages hors du quartier.
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Ne me demandez pas comment c’est possible, parce que moi, j’ai un âge connu de tous et je vous rassure, c’est le bon. J’y suis bien obligé. Ma mère qui parcourt souvent mon Facebook est du genre “ndem” qui peut, alors que tout le monde sait que je fête mes trente ans, venir écrire sur mon mur  “Joyeux quarante troisième anniversaire, mon fils adoré. Marie – toi, tu te fais vieux!!!”. Il paraît que toutes les mamans bulu se ressemblent dans l’art de faire honte à leurs rejetons en public et comme je n’y tiens pas…

Mais tel n’est pas le cas de tout le monde dans mon quartier. On a même baptisé cette façon de tronçonner deux ou trois ans sur son âge réel “aller à Kumba”, Kumba étant mis pour un lieu situé dans la zone Sud Ouest du quartier. Mince!!! Cette pratique est devenue si banale que certains te demanderont ” tu as quel âge dans ton kumba” pour savoir quel (faux) âge tu as dans tes vrais (faux) papiers…

Ainsi, il y a quelques années, dans notre sport roi, un scandale ébranla les habitants du quartier. Des joueurs de notre équipe nationale de Songoball en conflit avec des journalistes “gombiste”avaient menacé de révéler au monde entier la liste des cadeaux en nature et espèces qu’ils étaient obligés de verser à ces journalistes “gombistes” pour avoir bonne presse. Les journalistes, eux, réagiront en menaçant de divulguer les VRAIS âges des joueurs de l’équipe des Chatons (in)domptables de Camaroes. Euye!!! Donc il y en a qui ont de FAUX âges dans leur VRAI Kumba? Hum…Toujours est il que l’affaire s’acheva par un coup de tête venu de Ngambe d’un des joueurs asséné à un des journalistes gombistes et la remise d’un chèque de 7 chiffres comme compensation de la bosse apparue sur le front de ce Bon(ey) journaliste impertinent. 
Et sincèrement, quand on voit certains joueurs de Songoball âgés de 29 ans donner en mariage leur fille de 25 ans… il y a de quoi avoir un doute. Là, c’est pas couteau de table qu’on utilise pour couper âge, c’est tronçonneuse !!!

Ensuite, si dans mon quartier ces exemples sont visibles chez l’homme de tous les jours alias Camaroes Populis Vulgaris, il n’en demeure pas moins vrai que l’âge, chez ceux qui ont le privilège de diriger le quartier de Camaroes est un sujet parfois renversant. 

Tenez par exemple, le Grand Paolo, notre chef de quartier est né en (vers) 1933. Il a donc 82 ans dans son Kumba. Et nous dirige depuis 1982… Et il y a quelques temps, il a perdu sa belle – mère née en 1953 donc de 20 ans sa cadette(cf notre chronique De l’Exagération). Le Grand Paolo pouvait donc être le père de sa belle-mère alors maire de sa contrée.   On se souvient qu’ emporté par ses sentiments, il la fit enterrer dans son village à lui. Sacrilège.  j’avais promis de ne plus parler de cette affaire . mais…

L’histoire ne s’arrête pas là.  Il y a encore quelques jours décédait une personne très chère à Grand Paolo. En effet, la mère maire de l’arrondissement de Douala Sain a perdu la vie lors d’un accident de circulation. Alors que nous attendions avec impatience, joie et allégresse que ses obsèques se déroulent comme de coutume chez le chef Paolo, il a déjoué tous les pronostics en les délocalisant à l’ouest du quartier. Notons que  cette femme enjouée née en 1949 était la fille de l’épouse du chef Paolo et avait pour habitude de l’appeler “Notre Maman”, bien que cette dernière soit née en 1970.
Récapitulons donc.  La maire mère née en1949 est la fille de l’épouse du chef née en 1970 qui elle même est la fille de la maire belle-mère du chef née en 1953.  Yeuch… Le Camaroes c’est le Camaroes… Les crevettes sont les crevettes et le Kumba c’est le Kumba.

En tout cas, on voit que la même année ou presque, l’épouse du Grand Paolo a perdu sa mère âgée de 61 ans et sa fille âgée de 66 ans… Akieee!!!

; Conclusion, dans le quartier de Camaroes; ce n’est pas le plus âgé qui est le plus vieux. Les Kumba en témoigneront.

Et toi, cher lecteur, dis nous la vérité.  Es tu passé par Kumba?

PS.: Toute ressemblance avec des personnages ayant existé ne serait que pure coïncidence.

Achille Assako
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DIS MOI QUELLE EST TA LISTE..?

Faire partie de la population de mon quartier réserve parfois des avantages mais aussi de menus inconvénients. 
C’est ainsi qu’en observant les faits et gestes des habitants, on se rend compte que les relations entre eux sont régies par des codes dont le plus visible est l’appartenance à une liste.

Dès le bas âge, dans la liste de classe, il y en a qui comme moi subissent la torture d’être appelés en premier par un maître en colère après un réveil conjugal difficile pour subir une interrogation orale juste parce que leur nom commence par A. Grrrrrr. Privilège pourtant refusé aux enfants nommés… Zidane, Zorro ou Zamba.. et qui, faute d’être interrogés après les 125 premiers noms de la classe… finissent sportifs, milliardaires, personnages de cinéma ou simplement. .. Dieu.

Alors, plus tard et devenus plus grands, on a le choix entre s’inscrire (par degré) de force sur une liste, ou s’y retrouver (de gré ou) de force à cause du bon vouloir du chef suprême des dresseurs de listes, le grand Paolo, chef du quartier des Crevettes himself, toujours “chaud gars” depuis 32 ans.

C’est ainsi que quelques listes sont devenues célèbres dans mon quartier et parmi celles dans lesquelles il faut user de (beaucoup de) force pour se retrouver nous avons:

– Les liste de motions de soutien qui sont aussi jumelles aux listes du parti lors des élections dans le quartier.  Ici le poids de ta bourse mais aussi le nombre de triples zeros alignés après un chiffre superieur à un (1) sur le chèque y afférant détermineront ta place sur la liste. Et il vaut mieux se retrouver à la tête ou tout près du sommet, sachant que Paolo n’a plus vraiment la force de lire vos bêtises là.

– Les listes électorales.  Dans mon quartier, si ton nom apparaît sur ces listes, tu dis “Alléluia! Paolo est vivant!!!” et tu peux donc espérer voter. Sinon, le jour du vote… hum, c’est par degré de force que ton vote sera effectué. Mais néanmoins, notons que tes ancêtres décédés s’y retrouveront allègrement et pourront même voter. Les morts ne sont pas morts.

– Les listes d’admission aux Grandes Ecoles du quartier. Ici, tes concepts de mérite intellectuel, il faut oublier. Un coup de fil bien ajusté ou un chèque estampillé équilibre régional arrange toute tes affaires. D’ailleurs même, monsieur Jacques, le Fame gérant de ces affaires pour le compte du Grand Paolo peut réussir à faire admettre plus d’admis que de places disponibles. Rien à cirer, il n’est qu’une créature et ne rend compte qu’au créateur, le grand Paolo, éternel à ses yeux pour des siècles et des siècles. 

– Les listes de joueurs de songo ball, notre chère (oui, vu ce qu’elle nous coûte) et (peu)vaillante équipe des chatons (in)domptables de Camaroes. Ici, ton prénom du genre Clinton peut disparaître entre deux mi temps si tu ne te rapproches pas du coach Vol’Coeur Finkeu le bien nommé. Mais aussi, même quand tu es très sûr de ta présence dans l’équipe, des gens qui n’ont pas le droit de publier des listes se hâteront d’oublier ton nom pour le remplacer par celui d’illustres inconnus. Monsieur Joseph du comité d’anormalisation de la Fecafourbe en charge du Songoball, avec ses fourberies le démontre à suffisance.

Pour ce qui est des listes dont on fait partie de gré ou de force, nous en avons recensé quelques une des plus marquantes.

– La liste des homosexuels et francs maçons hauts placés du quartier dressée par nous, les gars qui passons nos journées à taper les divers sous l’arbre au centre du quartier… A propos de cette liste là. .. hum.. il est mieux que je me taise. Si j’en parle, mes amis regroupés sous l’arbre à palabres pourraient vite devoir lire mon oraison funèbre et ma mère va perdre le seul espoir de sa vie depuis près de quarante ans.

– La liste des “kapo”, ces personnalités haut placées du quartier. C’est chaque 20 Mai, lors de la fête annuelle que donne le grand Paolo dans sa villa des sept collines qu’on sait qui est qui. Mais parfois… il se glisse une erreur, un oubli dans la liste. C’est ainsi que certains qui n’auraient pas du, se retrouvent a diriger les entreprises du grand Paolo dans le quartier. En son temps, un Luc René perdit le poste de chef de la police du quartier qui lui était destiné au profit de Luc (tout court), un retraité paisible. Certains, bien que morts sont même promus à des postes de responsabilité. Nominations à titre posthume. Je vous ai dit que les morts ne sont pas morts.

– une autre liste intéressante est celle des  “éperviables”, ces victimes potentielles des actions coups de poings de Grand Paolo contre les gestionnaires peu orthodoxes de ses entreprises. Je vous parlais dernièrement de celui qui géra un moment la Six Yards Tv, Père Germain, ci- devant (autre) fils de l’immaculée conception et frère du juif qui marcha sur de l’eau (liquide) et transforma ladite eau en vin rouge…Eh bien… Père Germain était sur cette liste, comme des dizaines d’autres qui ont fini par faire penser qu’en se retrouvant dans la liste des kapo du quartier le 20 Mai, leur nom finira par se retrouver dans la liste des “éperviables”.

Alors voilà. .. cher lecteur assidu. Tu sais tout ou presque des listes de mon quartier des crevettes.  Au fait j’oubliais.  Moi même, mon nom est dans la liste de ceux qui écrivent des bêtises sur les autres tous les jours en s’asseyant sous l’arbre au centre du quartier. Et toi, ton nom est sur quelle liste?

P.S. : Toute ressemblance avec des faits ou personnes ayant existé ne serait que pure coïncidence.

Achille Assako
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DES TRAUMATISMES

Voici l’histoire de ce jour.

Dans mon quartier, les personnages les plus intéressants sont aussi souvent les plus en vue. Par “en vue” ici, comprenez qu’ils font tout pour être vus et remarqués.  Ne pensez pas qu’il s’agisse toujours de se faire remarquer de façon positive du genre ” il est très intelligent comme son père mais paresseux comme sa mère”, non… Il s’agit généralement de ce genre de tape-à-l’oeil qui fait mal aux yeux de ceux qui regardent que leur dernière crise de conjonctivite ( ou #Apollo en langage de mon quartier) leur revient brutalement en memoire.

J’aimerai vous parler de l’un de ces personnages aujourd’hui.  Il a le sens de l’amour de son prochain,  il a le rire constant, il a le chic pour se vêtir de boubou et vous faire attendre avec impatience sa prochaine prise de parole… lui, c’est le reponsable de tous les traumatismes communicationnels de notre quartier… Notre spécialiste de la criée, dédié à vendre tout et n’importe quelle camelote aux habitants du quartier des Crevettes, porte voix d’une idéologie cinquantenaire léguée par notre ancien chef de quartier Baba Toura, et chantre de toutes les grandes  réalisations inexistantes de son employeur actuel le Grand Paolo… Oui, vous l’avez compris, je veux parler de Issa Trauma.

Avant que le grand Paolo ne le recrute (pour une deuxième fois après un premier essai non concluant!), il travaillait sur un mémorandum des gars de sa zone située au nord du quartier des crevettes. Dans ce document, ils disaient que la gestion de la zone nord du quartier leur etait défavorable. Termes traduits de ceci : “walaï, nous ne sommes pas contents. Ziniversités dans Nord, il n’y a pas. Zopital… heu…to dans Nord, il n’y a pas. Même li route, on cerce, on ni trouve pas. Tout ce qu’on trouve, c’est bili bili, c’est séceresse, c’est zinondations. Donc Aladji Paolo, si ti ne donne pas nous ces çoses, on va mal fassé contre toi…”

Le Grand Paolo a cerné le problème et a décidé qu’il était temps que les choses changent dans cette zone.  Il a donc nommé Issa Trauma au poste de PPDA, “PaPa Douala Actif” chargé des PB (pompeux bavardages) et de la promotion personnelle des occupants de la villa des Sept Collines.

Depuis lors, Issa Trauma prend son rôle de PPDA très au sérieux. Un gars est surpris par la mort alors qu’il actionnait vigoureusement les manivelles de la fornication avec une jeune fille de 17 ans, PPDA Trauma va parler. On insulte notre quartier sur les antennes des médias des quartiers voisins, PPDA Trauma va insulter l’insulteur en lui faisant bien savoir que notre quartier est jaloux de sa position de sous développé et très endetté.. Et si d’aventure il s’agit de commenter une action de près ou de loin liée au Grand Paolo, alors, mes chers amis vous êtes morts jusqu’à vous décéder (hein?).

Car a la réalité, PPDA Issa Trauma traumatise tous ceux qui osent regarder d’un oeil différent son grand (amour) Paolo. Au point de le citer dans chacune de ses interventions, soit sur la Six Yards Tv (appartenant à Grand Paolo) soit devant les journaleux des quartiers voisins qui ne manquent pas de tancer le mode de gestion à vue du quartier et les absences répétées de Grand Paolo qui aime à profiter de sa résidence secondaire (et pas seulement) dans le quartier Suisse de la ville.

Exemple.

Question:
Pourquoi jusqu’à présent il y a des problèmes d’eau dans le quartier?

Réponse:
Votre question me démontre à moi le PPDA de ce quartier que vous ne vous limitez qu’à une observation superficielle de cette situation qui a déjà été prise en compte par le Grand Paolo avant même qu’elle ne survienne.  Le Grand Paolo dans son amour ineffable pour son quartier a ordonné que tous ceux qui manquent d’eau lui écrivent.  Et par ma voix, d’avance, je voudrais le remercier pour cette marque de sollicitude et de bienveillance qui fait de lui un homme philanthrope et parfaitement à même de diriger ce quartier. Vous le savez, il y a des mauvaises langues qui estiment que le Grand Paolo n’aime pas la démocratie et la paix. A tous ces pourfendeurs de notre Grand Paolo qui ne cesse de nous demontrer qu’il est notre meilleur choix, j’aimerai préciser que même ma nomination est due à l’esprit de visionnaire qui anime cet homme, que dis je, ce Dieu qui permet que librement je vous parle de lui en des termes aussi élogieux”.

Yess PPDA Trauma… L’art du traumatisme ça te connaît. 

J’ai juste une question: Les problèmes que tu denonçais à l’époque du “walaï, nous ne sommes pas contents…” ont tous été réglés? …Non? Ahh… J’oubliais.  La bouche qui mange ne parle plus. Sauf si on lui ordonne de parler en bien de celui qui la nourrit.

Bon appétit alors PPDA. Mais sache que tout repas a une fin et que la faim bien vite reprendra ses droits. Tout comme tous les traumatismes y liés.

Ps: Toute ressemblance avec des faits ou personnes ayant existé ne serait que pure coïncidence.

Achille Assako
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