8 Mars… A plate couture

Ce qui est bien le 8 Mars dans mon quartier de Camaroes est que toutes les femmes (ou presque) sont en fête alors même qu’il s’agit juste d’une journée internationale, tout ce qu’il y a de plus banal.
Mais parfois, quand le hasard ou la malchance s’en mêle, on peut passer un 8 Mars mémorable.  Voici l’histoire.

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Ekobena venait de prendre sa retraite. Entre ses journées désormais libres, il s’appliquait à lire, écrire et dormir.
Son épouse Anatha (diminutif de Anasthasie) était de celles qui vous disent : “Toi tu es quel genre d’homme qui reste trop à la maison? Il faut un peu traîner dehors avec tes amis non?”
Eh oui… Anatha n’était pas de celles qui sont spécialement jalouses, estimant qu’un homme doit jouir (et le verbe n’est pas faible) de sa liberté.
Anatha était donc partageuse avec son mari, lequel, chaud lapin, enchaînait conquêtes sur conquêtes.  Et il se vantait de ce que son épouse lui était fidèle depuis les vingt cinq années qu’avait duré leur union concrétisée par deux jolies filles.
Un soir, Ebanda, un des amis d’Ekobena en visite chez eux s’était amusé à lui demander si, sachant que lui est homme à femmes, sa femme Anatha n’allait pas un jour aussi le tromper de façon éhontée. Deux minutes plus tard, il était étalé sur le trottoir après un vol plané, face contre terre, respirant le mélange de poussière et d’eau s’écoulant des fosses sceptiques du quartier jamais vidangées.
Oui Ekobena était jaloux.
Comme un pou. Comme un fou.
Ce qui était à lui était à lui. Un point et c’est tout.
Et ses nombreuses maîtresses avaient déjà tâté de ses poings.
Endale par exemple, la jouvencelle qui avait eu le malheur de décrocher un appel telephonique vers 21h puis s’éloigner en disant “je suis seule. C’est le son de la télé…” alors que Ekobena lui rendait visite.
Le téléphone avait fini en miettes.
Endale avait fini à l’hôpital.
Face à des infirmières qui lui disaient: “Ma cherie un homme qui te bat t’aime, hein. Il ne faut plus le provoquer!”
Mais malgré toute sa violence, Ekobena n’avait jamais levé la main sur Anatha. Et il était convaincu qu’il n’aurait jamais besoin de le faire.
Un matin du mois de Mars commençant, Ekobena alla faire les cent pas dans le quartier. Il revint quinze minutes plus tard avec une nouvelle affligeante. Le tailleur du coin, Abdou, un nordiste était mort la nuit précédente. Et enterré immédiatement selon les rites musulmans.

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A l’écoute de la nouvelle, Anatha s’écria
” Akieeee! Abdou est mort? Ekekeleeeeh!!! Sa mort me fait troop maaaaal.”
Ekobena visiblement sous le choc… perdre un voisin aussi brutalement ça vois secoue toujours… voulut consoler sa femme en lui disant que c’est la vie.
Tête basse, l’air grave, il entendit Anatha poursuivre en disant dans un sanglot… “Je va faire comment ehhhh… Abdouu… tu meurs maintenant. .. Chaque 8 Mars, c’est toi qui me couillait le…. heuuu… qui me couhait le…”
Ekobena avait bien entendu. C’est Abdou qui était l’amant de sa femme chaque 8 Mars. Donc la légende qui veut que lors de chaque Journée Internationale de la Femme, celles ci se laissent aller avec le premier venu était vraie… Ainsi depuis des années Anatha le trompait. Et c’est pour cela qu’elle acceptait qu’il collectionne les conquêtes féminines. .. Une traitresse, un grand mère “panthère”… En plus, si ses filles etaient toutes les deux nées en Décembre c’est donc qu’elles furent conçues en Mars… akieee… Ekobena ne fit ni une, ni deux… une pluie de coups de poings dignes Mike Tyson s’abattit sur Anatha qui n’avait rien vu venir. Elle se reveilla à l’hôpital. Sa soeur a son chevet. Cette dernière lui demanda pourquoi Ekobena l’avait battue. Anatha lui dit qu’elle n’en savait rien, qu’ils étaient en pleine conversation à propos du tailleur Abdou mort la veille, celui qui avait l’habitude de coudre leurs tenue du 8 Mars…


Elle n’avait juste pas su conjuguer le verbe coudre.
Abdou lui cousait ses vêtements.
Il ne la “couillait” pas.

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PS: Soulevez les kabas mais n’oubliez pas vos règles de conjugaison.
Bonne Journée internationale de la Femme à toutes.

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