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JE DETESTE LES PANTHERES ET CINDY LAUPER

LES MES-AVENTURES DE SHOU ANN ALAÏ –

Nous sommes en 2015… et il y a des mots qui ont fait leur apparition dans notre vocabulaire.  On parle désormais d’araignées ou panthères pour désigner ces filles arnaqueuses du sexe ou du coeur qui écument nos villes.
Mais je vous le dis,  les panthères existent depuis la fin  des années 80.

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Voici l’histoire.

“C’était à New Deido. En 1987.
On venait de terminer le BEPC. J’étais un habitué du Djamboula,  un night club qu’on a appelé au début de la décennie 2010 “Georges 5”. (Pas Georges sein svp).
J’y avais fait la connaissance de Julienne, une go duala.  Vraiment nyanga. Elle m’aimait…
Si j’en crois les crêpes qu’elle m’apportait et tout ce qui se passait ensuite entre nous une fois que le crépuscule, mon complice tombait.

Le jour de son anniversaire, j’avais loué la sono. A l’époque il n’y avait pas d’ordinateur. Juste un ampli, un double -lecteur de cassettes,  un lecteur de disques de vinyle. En rappel, plus les baffles étaient “gros”, mieux on te considérait.

Revenons à Julienne.
Elle habitait à l’étage d’un immeuble. Un escalier étroit conduisait à la résidence de ses parents.
J’ai porté les trucs et tout le bazar sur la tête. Même quand tu vas “doter” une femme ewondo, tu ne souffres pas comme ça! J’ai transpiré. Des auréoles grosses comme celle du Christ ressuscité étaient apparues sous mes aisselles.

J’ai donc porté les baffles sur la tête. Julienne,  La bonne dame était encore au salon (de coiffure). Pour ses rastas.  Les fameux longs rastas des vacances que les filles arborent souvent.
Il y avait donc quatre gros baffles.  Des enceintes en langage soutenu. Le “pousseur” a refusé de m’aider dans cette partie du film.  Les gars du qwatt aussi. Je peux les comprendre.  Moi même, quand j’arrivais dans leur “secteur” en uniforme du collège Libermann, mes épaules dépassaient parfois  mes oreilles…

Après donc avoir porté les baffles ce fut la deuxième mort de mon charisme…
Avec le Dj, j’ai installé la sono, connecté tous les machins aux trucs, testé les chansons à diffuser plus tard.. Pour elle et moi, pour le moment fatidique, j’avais choisi un long et interminable slow de Fefe Bekombo…

Mais parlons de lui.
Lui avait avec une caisse et pas n’importe laquelle. La R25. La Renault 25. La voiture qui parlait.  Eh oui, Ça existait déjà. Mais c’était pas encore “versé” dehors.
Il avançait, et le chauffeur ( de son père sûrement) un chien comme ça! le suivait.
Il portait un gros carton estampillé Zepol (la boulangerie). Même la mère de la go est sortie de la cuisine à son arrivée. Elle m’a même demandé de baisser le volume de ma musique et accessoirement de me taire… Malchance.

Lui, on l’a installé dans le canapé. En cuir. Moi, je n’étais même pas derrière les platines. Vu que j’avais trouvé un gars pour pousser les disques. Dans ma tête, rien.  Mais alors absolument rien ne devait m’empêcher de “coller” la go Julienne le jour de son anniversaire. En attendant, j’avais été mis là, installé dans un coin comme un populis vulgaris.

Quand la panthère est arrivée, elle a fait bisou à son gars. A moi elle a dit:  “mon frère,  tu es déjà là? ”

Mon frère…
mon frèèère….
Mon frère????
Malchance!

J’avais des soeurs. Et pour que j’apporte de l’eau à boire à l’une d’elle, il aurait fallu que ma mère me regarde avec de gros yeux.
C’est là que j’ai commencé à comprendre.
Mais je n’y croyais toujours pas. Mettez vous à ma place. La fille qui l’avant-veille encore me faisait des choses que mon lointain passé de servant de messe m’interdit de raconter ici , m’appelait déjà… “mon frère”..??? Depuis quand les bulu comme moi sont frères aux duala?

J’ai senti que les choses se gâtaient quand le gâteau est arrivé. C’est à ce gars qu’elle offrit la première bouchée. Suivie d’un chaste baiser sur la joue. Un gars en jean (comme moi), mais avec des mocassins aux pieds (pas comme moi). Des Weston sûrement. Mac James en 1987?  Vous voulez rire… Face à des chaussures tchakass made by Bata, le match était perdu.
OK.  Ça me revient..

Pendant que je réfléchissais, on a eu le temps de manger, puis  le discours dit par Julienne. Elle en a profité pour remercier le gars pour tout son soutien. Pas un mot sur mon aide et ma transpiration …

Enfin, l’ouverture de la piste de danse arriva. Le gars avait sa Cassette chromée. Équivalente au blue ray disc actuel. Et déjà calée. Il a tendu les bêtises au Dj que j’avais engagé et payé. En précisant que c’était la face “B”. Et qui fallait mettre ça pour l’ouverture du bal.  Julienne et lui, seuls sur la piste lors du tour d’honneur.  Sans moi. Ni Fefe Bekombo et ses longues minutes de musiques.

Et c’est depuis ce moment que je déteste Cindy Lauper avec son “time after time”.”

 

 

Histoire originale de Constant R. Sabang.

Achille Assako
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