COLLEZ LA PETITE

Parlons musique.

La chanson en vogue dans mon quartier , cette chanson qui fait que les gens mettent de “l’argent à terre” lorsqu’ils vont dans les fêtes que désormais on appelle “Tiyau” (parce que Boum ça fait ringard et Teuf ça fait Je_frime_je_viens_des_beaux_quartiers) est une chanson des plus banales.

Il s’agit d’une chanson de rythme afro-techno-rapo reprise en choeurs et en coeur, encore et encore par les mélomanes même les plus réfractaires au viol auditif que certains chanteurs/braillards de musique dite urbaine comme Dj Arafat leur imposent… et dont le titre est “Colle la petite”.

Actuellement donc dans mon quartier, tout le monde veut coller la petite. Assis au bar (dont le nom évocateur est “Les gens font quoi ici?”)  ou non loin d’une piste de danse au Georges Sein, on déguste cette chanson, accompagnée de cet élément dont moi, bon beti je ne peux me défaire, l’alcool. Mais soyez rassuré que affaire de collage des petites, même dans alcool, il y a parfois ça tourne au vinaigre. De toute façon c’est affaire de goût et de liquide me direz vous.

Me voila donc il y a quelques années, sortant juste de ma puberté, toutes mes hormones encore en place, je vais accompagner mes amis (mes potos pas poteaux) en boîte de nuit. Ces expéditions pourtant nocturnes s’appelaient encore matinée des jeunes, bien que ne se déroulant jamais le matin ni même jusqu’au matin. Et même, quand je dis “accompagner” j’omet de dire que  j’avais du enjamber la clôture de la case familiale, m’étant rendu compte que celle ci n’était pas si infranchissable que ça avec ses (petits) 3m de haut. Bon passons…

Nous sommes donc au Safari Club dans le milieu des années 90, haut lieu de la débauche que ceux qui vivaient Rue des Sept Collines non loin du pont d’Ongola connaissent bien. La soirée se passe bien, l’alcool coule a flot. Les “waka” et autres “panthères” n’existent pas encore. On traite encore les belle de nuits de “bordelles” ou de “borguess” en langage plus soutenu de la Rue Ntaba Longkak.
3h du matin… heure décisive. Le Dj lance une serie afrozouk, lumière blafarde, quasiment éteinte sur la piste.   Je n’ai encore “attaqué” aucune fille, contrairement à mes potos qui rapidement ont fait passer le nombre de personnes à notre table de 4 à 7. Au détour d’un coup d’oeil jeté sur la piste, j’aperçois une frêle silhouette se trémoussant seule, telle une sirène de kribi flottant sur de l’eau, avec un déhanché hésitant mais bien présent, le tout surplombant un joli petit popotin bien emballé dans un pantalon . Mamiwata!!! Je joue mon va tout. Ça c’est le genreu de filleu que….

[Et je prie:
“- Saigneur (de la nuit), cette fille il me la faut. Que faire?
– Réponse du saigneur: Hein, Père!? Tu ne sais pas que le père Noël n’existe pas? Reste là tu dors, ne travaille pas!”
– Ok papa GodE. C’est toi qui donne, toi qui donne et c’est toi qui guide mes pas… ]

Je me mets donc à l’ouvrage et tel Singuila le Rossignol, à elle je vais m’agriper.  Venu dans son dos, je la prend par la taille, suivant ses mouvements, et au bout d’une minute, les améliorant en leur donnant plus d’ampleur. Hhhhhmmmm c’est boooon !!! Pas les histoires de Shouann Alai (Cf Pourquoi je déteste les Panthères et Cindy Lauper) moi, je décide de passer à la vitesse supérieure et la petite se laisse faire. Mieux, elle commence à envoyer ses douces mains vers l’arrière pour caresser ma grosse tête de bulu en rut… Ehhhh ahhhhh… je suis sur mon nuage. Rose est sa couleur. Traduction en langue bantoue: Je yah môh.

Quand le dernier couplet de la chanson (“Fleur des antilles” de Marco Mbella… 13min de long svp) pointe son nez, c’est tellement hot entre cette fille et moi que la bosse (de taureau) dans mon slip (de cabri) devenu trop petit est prête à faire exploser mon pantalon, le même pantalon qui quelques heures plus tôt a résisté à l’escalade à mains nues d’un mur de 3m !

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Alors n’en pouvant plus, je retourne la silhouette pour qu’ enfin nous nous fassions face. Musique finissant, la lumière revient et là, je remarque que la silhouette ressemble beaucoup à un jeune homme, un Y’OR, avec dread locks  sur tête, boucle dans narine, t-shirt moulant sur torse et pantalon collant slim en bas.
Euye. Celui ci encore, c’est quelle genre?
Il commence à me sourire, genre il est heureux.

[Moi dans ma tête, petite prière:
– Saigneur, je t’ai moi demandé une fille. L’autre ci c’est encore quelle qualité de malchance? Un homoserçuel?
Réponse du saigneur: Même de l’eau sale éteint le feu.
– Akiéé! Mon incendie là, si c’est pas de l’eau minérale, il va rester allumé et me consumer jusqu’à ma mort.]

Première conséquence, mon pantalon ne me serre plus. Perte de puissance puis fin des émissions sur la bande Fm.  L’olibrius en face de moi me mange des yeux et je l’entend me dire de sa voix la plus féminine possible “moi c’est Josepha, et mes amis m’appellent Jojo. Et toi?”.

Mon cerveau lui repond “moi c’est personne, d’ailleurs, je ne suis même pas ici. En ce moment je suis couché à la maison et je fais un rêve”… mais aucun son ne sort de ma bouche.  Je suis palapala, traumatisé, me dirige vers notre table et entend un grand éclat de rire général de mes amis.

Inutile de vous dire que je suis parti en les abandonnant  et nous avons fait cinq ans sans nous parler, tellement à chaque fois qu’ils me voyaient, ils se (re)mettaient à rire de ma demie expérience homoserçuel.

Donc, depuis ce jour là, j’ai appris une chose: Coller la petite c’est bien, mais il faut toujours “commencer par devant même si après, il faut rentrer (pas entrer) par derrière”. 😉

P.s Toute ressemblance avec des personnes ou faits ayant existé ne serait que pure coïncidence

Achille Assako
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