ON NE FRAPPE PAS UN HOMME A TERRE

Voici l’histoire de ce jour.

Dans mon quartier , il arrive parfois des événements qui laissent dubitatifs. A peine tu émerges de ton sommeil bercé par les coupures d’électricité, tu ouvres grands les yeux et tu ne peux manquer de te demander si tu as bien fait de laisser que ton nombril fut enterré dans ce bled. Quoiqu’on ne t’aie jamais demandé ton avis à l’époque.

Je vous ai précédemment dit que quand l’actualité est calme, notre chef de quartier le Grand Paolo actionne un ou deux leviers et nous donne matière à discussion pendant de longs jours sous l’arbre à palabres au centre du quartier… C’est ainsi que gaiement l’autre jour, nous devisions sur la disparition subite de la circulation de la jeune Nathalie qui n’ avait pas supporté que le fils de Samuel mon voisin demande la main de Georgette… lorsque nous avons appris que nous nous appelions désormais tous Charlie.

Euye !

Comment etait ce possible? En fait, les habitants du quartier des ancêtres non loin de la Sarkozie gauloise avaient eu un gros soucis. Plus d’une dizaine parmi eux venaient de se faire tuer au centre de leur quartier et ils avaient en point commun de travailler pour Charlie Yepdo, un dessinateur satirique qui tirait sur tout et tous, s’attirant ( c’est le cas de le dire) les pires inimitiés parmi les plus halal des intégristes qu’on connaisse.
Charlie Yebdo avait déjà vu sa maison detruite (parce qu’il avait, dit-on charié la charia) dans un incendie criminel et les pyromanes avaient promis revenir. Ce dessinateur qui avait donc dessiné (c’est son rôle il paraît) le diable sur ses murs se savait menacé. Cette fois, les mecontents ont donc fait fort. Au point qu’en quittant les lieux ils ont abattu de sang froid un policier qu’ils avaient blessé par balle. Fichtre. ON NE TIRE PAS SUR UN HOMME A TERRE. On l’aide a se relever !!! Un courage de sanguinaire qui leur a valu d’être pourchassés puis abattus.

Su ces entrefaites, le chef de quartier, le grand Paolo avait décidé de répondre à mes voeux (vous en souvenez non? Je lui avais dit qu’il avait fait trop de blabla éloigné de la vérité lors de son discours de fin d’année. ..) et à convier tout les VIP du quartier des Crevettes à sa villa des sept collines. Comme ma lettre de voeux ne lui avait pas plu, je ne fus pas invité et du suivre la cérémonie depuis l’extérieur de la villa un les écrans géants qui diffusaient sa chaîne, la Six Yard Tv comme tous les petits ” gratteurs” du quartier qui ne devaient point côtoyer le gratin du quartier des crevettes… Et là. .. stupeur… je vis le grand Michel Mobutu, vice président de l’Assemblé des Danceurs Professionnels et Chanteurs (ADPC) qui après avoir salué le grand Paolo s’étala de tout son long… Oups. La boulette que voilà!.

Alors de deux choses l’une.

– Soit la poignée de main du grand Paolo fut électrisante et dans ce cas, ceux qui pensent que ce vieil homme se maintient à la chefferie du quartier depuis 32 ans grâce à sa GP ( Grimbah Pawa dont le nom scientifique est Mysticus Camerounium Commandum Ecorcus), un atout non négligeable face à tous les apprentis sorciers ennemis de notre démocratie bananière dans ce quartier

– Soit la présentation des voeux était en fait une présentation des vieux… et le grand Michel Mobutu venait simplement de montrer qu’il rentrait dans ce casting qui lui permettrait de jouir (enfin) d’une retraite bien méritée.

A chacun son idée. Mais ce qui à mon sens est choquant c’est l’absence de réaction du grand Paolo devant la chute de son obligé Michel Mobutu. Pas un geste. Rien. Aucune émotion, même feinte. Devant un homme âgé en difficulté, toute personne normalement constituée se serait jetée pour l’empêcher de tomber ou pour l’aider a se relever… Je pense que devant pareil incident, une plainte pour non assistance à personne âgée en danger ne serait pas de trop. Paolo …On ne se moque pas d’un (vieil) homme a terre. On l’aide à se relever!!!

Je me serai arrêté là si je n’avais pas saisi une image un peu extraordinaire à la fin de la cérémonie chez notre chef de quartier. Passant à la télé, le chef d’un quartier voisin qui s’était rendu en Sarkozie Gauloise pour rendre hommage aux employés de Charlie Yepdo était ému. Dans un cortège silencieux, Il a tout seul et comme un grand, pleuré. Toutes les larmes de son corps sont sorties, lui, le chef Yaya Bonnui du quartier de Coton Noue. Il semblait se demander: “pourquoi ? Pourquoi c’est à Yepdo que ce genre de catastrophe arrive et dans le quartier de nos ancêtres? Pourquoi ce sont ces dessinateurs d’un journal que je ne lisais même pas qui se sont fait tuer? Pourquoi ce ne sont pas mes opposants, ces gars qui ne savent ni dessiner ni s’opposer qui ne se sont pas fait tuer?… Yaya Bonnui a tellement pleuré que cela a fait rire tous ceux qui s’appelaient Charlie… un comble. Mais à la vérité, Yaya était mal et était frigorifié. C’est le froid et la brise glaciale de l’hiver gaulois qui firent couler ses larmes de béni noir.
Paolo s’est moqué. Vilain! On ne se moque pas d’un homme atteint (dans son amour pour ses ancêtres), on lui témoigne de la compassion… D’ailleurs, toi le moqueur, souviens toi que le chef de la Sarkozie gauloise ne t’avait même pas invité pour pleurer Charlie Yepdo.

Assia Paolo.

Achille Assako
Posté avec WordPress pour Android

3 thoughts on “ON NE FRAPPE PAS UN HOMME A TERRE

Leave a comment