LA TERREUR VOUS TERRORISERA

Dans mon quartier il y a des jours où tu te demandes si les habitants de cet endroit sont conscients de ce qu’il leur arrive dans leur misérable vie.

Il y a des jours où c’est le grand Massa Yo qui les distrait avec des matches de songo ball normalisés. Ils ont l’impression que tous les problèmes liés au manque d’eau dans le quartier disparaîtront avec la fin du match opposant les chatons indomptables de notre quartier aux léopards du quartier Kassaï de Kabila. Sauf qu’après le match, surtout après avoir trop crié, la déshydratation les guette. Résultat, pour étancher sa soif on boit de la bière et pas de l’eau. Ils disent que l’eau ne sert qu’à se laver et à faire vaisselle et lessive.
D’autres jours, c’est le grand Paolo lui même, chef du quartier des crevettes qui les distrait avec des annonces du genre “Sentier pour tous en l’an 2000″(vu l’état des routes…), ” septenat des grandes additions (oui oui, les factures) ou encore “Alternance en 2035”.

Parfois aussi, le chef de quartier, pour donner matière à discussion à ceux qui se regroupent sous l’arbre à palabres au centre du quartier, fait enfermer deux ou trois gars qui travaillaient pour lui, opération se deroulant comme celle d’un épervier fondant sur des poussins. Le dernier à en avoir fait les frais c’est l’ancien câblo opérateur du quartier qui gérait la société Six Yards Tv. Sa carrière d’auteur compositeur laïc engagé et amoureux de la mère d’un bon ami à moi qui changeait de l’eau en vin n’en souffrira pas.

Les habitants du quartier des crevettes regardent tout cela avec résignation et avec un seul commentaire : “On va faire comment alors?”. Surtout que dans les quartiers voisins, ça ne va pas souvent fort.
Je vous parlais dernièrement du quartier de Bikina avec son ancien chef Blaiso, que les habitants ont chassé de la chefferie à l’aide de gourdins pour les hommes ou de spatules et couvercles de marmites pour les femmes. Sans avoir à utiliser kalachnikov ou M16.

L’affaire était tellement subite et grave que notre chef Paolo a paniqué. Et si cela lui arrivait à lui, se faire chasser de sa Villa des sept collines par des gens armés de cuillère a café martelant des bouteilles d’eau? Quelle honte!
Jamais!!!

Alors Paolo a opté pour un ensemble de mesures qui ont pour but de dissuader toute contestation dans le quartier. Il a institué l’autodéfense qui a les pleins pouvoirs pour décider de condamner a mort tous ceux qui ne fileraient pas droit.. mais à sa libre appreciation.

Tu fais le fou du quartier comme habituellement “Mboua Le fou” le fait souvent, en allant dessiner les “bitchakala” graffitis sur les jolies statues de nos ancêtres les gaulois de la Republique Holland’aise de Sarkozie qui ornent nos jolies avenues mal entretenues ( on vous a dit sentier pour tous, non?), on va pouvoir te condamner à mort (atteinte au patrimoine culturel de l’état).

Si d’aventure tu as le deuil (pas les obsèques, sinon tu serais habitant du quartier des riches comme Bonabastos…) de pa’ah Tontcha et que tu barres la route comme chaque jeudi soir pour la veillée précédant la mise en bière au bar du coin (qui sera vidé de tout contenu alcoolisé et moussant – surtout que la bière ne coûtera pas plus cher en 2015) alors,tu es passible de la peine de mort ( perturbation du service public des transports) etc…

Ce qui m’a amusé c’est que le soir du réveillon, le grand père là ( n’oublions pas qu’il pouvait être le père de feue sa belle-mère), alors que les gens ne s’apprêtaient même pas à fêter ( et pour cause, no money no joy) il a trouvé le moyen d’aller s’asseoir sans lunettes (!!) devant l’unique caméra de sa chaîne câblée la Six Yards Tv pour dire que tous ceux qui dénoncent ces mesures sont mal intentionnés, que le terrorisme est nouveau dans le quartier et qu’on avait besoin d’une nouvelle loi bla bla bla…, oubliant que des lois pour encadrer des manifestations et libertés publiques étaient en vigueur depuis longtemps dans le quartier.

Prenant les Canards du bon Dieu pour des enfants sauvages ( l’inverse eut été moins original), dans le même discours, j’ai appris que tous les jeunes du quartier des Crevettes avaient trouvé un joli emploi et même que le quartier a du faire appel à des jeunes d’autres quartiers pour bosser.

Miracle à la Chris Angel (pour les amis de la diaspora) et à la Tsala Essomba pour les villageois d’ici !!!!

Alors, Paolo, voici la question: Que font tous les petits du quartier encore assis sous l’arbre à palabres en train de te demander chaque matin :” Grand, il n’y a rien pour les pauvres?”…alors qu’ils ont du boulot? J’oubliais. Ils sont même passibles de peine de mort. Il suffirait qu’ils cassent le banc sur lequel ils s’asseyent souvent en attendant ton quotidien et matinal passage quand tu n’es pas en villégiature dans le quartier suisse pour que tu les tue tous. Tu les auras tous. Sans plan d’urgence. Sois juste patient et cela finira bien par arriver. Bien avant 2018.

P.S.: Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.

Achille Assako
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Le café se boit chaud

Voici l’histoire de ce jour…

Vous commencez à vous familiariser avec tous les habitants de mon quartier. La dernière fois, je vous parlais de notre grand chef de quartier dont la longévité à la chefferie n’atteindra pas celle évoquée par Thomas Ngigol in ” Le crocrodayle du Botwsana”. D’abord que lui même est un ancien habitant du quartier malgré qu’il soit actuellement installé dans la zone hollandaise du quartier de nos ancêtres les gaulois.

Notre chef de quartier, le “Grand Paulo” a donc décidé que cette semaine, il avait des comptes à régler avec d’autres grands du quartiers qui par voie de conséquences ne sont que des petits.
Nous les gars du quartier étions paisiblement installés sous notre arbre à palabres à deviser gaiement sur le sort du chef Blaiso chassé la semaine d’avant par les habitants de Bikina fâchés, que nous l’avons vu passer ce matin là, lui même au volant de sa voiture. Un événement.

L’oeil noir, il ne nous a même pas gratifié du sempiternel “je vous verrai” quotidien qui arrive souvent en écho à notre demande: ” Grand, il n’y a rien pour les pauvres?”… Comme le dit souvent un ami ” Si vous êtes pauvre, c’est votre problème.  Qui vous a dit qu’on s’occupe des pauvres?”…

En tout cas, la journée ne s’est pas passée comme elle aurait du pour ceux qui étaient à l’origine de la colère du grand Paulo.

En fait, le matin même il se rendait au commissariat du quartier puis au tribunal pour déposer plainte et faire interpeller des grands de notre quartier… Je rectifie. Il voulait faire interpeller d’anciens grands du quatt. Ceux qui etaient presque devenus pauvres et désargentés et qui avaient semble-t-il réussi a beaucoup trop manger ou donné à manger aux autres sous l’arbre à palabres. Je vous rappelle que la politique du chef de quartier est de vous laisser parler et ainsi occuper votre bouche qui ne penserait plus à manger. Dans le cas contraire, il vous sera reproché des fautes de (di)gestion.

Le premier des grands qui ont été victime de la colère matinale de notre grand Paulo qui fondit sur eux tel un épervier en opération est bien l’ancien gérant de l’entreprise de câble et télévision baptisée Six Yards Tv qui appartient au grand Paulo. Cette société de câble avait été confiée à Père Germain, professeur laique engagé specialiste des questions stylistique sur la compréhension du mystère de l’imaculée conception, qui etait secrètement amoureux de la mère du fils de Dieu dans les cieux et avait institué la déviance financière comme mode de gestion sur terre. Il parait que le Père Germain qui avait même mis sur pied une chorale appelée “la voix de Ses Nacles”  agissait sur conseils du sein esprit qui on s’en doute n’est pas saint et cela lui permettait de magnifier ses miracles, encore appelés assimba en langue locale.

Ce qui est étonnant dans l’affaire c’est que le grand Paulo a attendu plusieurs années avant de se souvenir que le titcha gérait mal sa société de câble et que sa main dosait mal la puissance de récupération des fonds  dans la caisse. Autant le dire comme Martin Luther, si tu as l’occasion de puiser dans la caisse, mon fils, puise, puiiiise pour que tout le monde se souvienne après ta mort qu’ici a vécu le meilleur puiseur dans la caisse de tous les temps!!!

Entre temps, un gars Ga du quartier qui voulait montrer qu’il aime le quartier plus que son chef avait voulu entamer la pêche aux baleines qui obstruaient le passage de l’eau gombotique dans les caniveaux financiers… pardon, la chasse aux grands qui mangeaient un peu trop dans le quartier. Le grand Paulo lui a demandé ” où sont les preuves?” Au point de le virer de son entreprise

Bon. Revenons à Pere Germain.
SOuvenez vous des obsèques de la maire belle-mère du chef de quartier. Elles étaient grandioses et on avait pu remarquer la présence (très remarquable) aux premières loges de Père Germain non loin d’une certaine Framboise Faux Ning sous la tente des VIP, pendant que les beaux parents du chef de quartier étaient installés sous le soleil. Et même lors de l’anniversaire du Chef né le 6 novembre d’il y a longteeeeeeeemps, le Père Germain avait même dansé jusqu’aaaaaaaaa…..

Ce qui est fait est fait. Il est donc en prison depuis quelques jours. Mais
Ce que je constate en jettant un regard dans les cellules de la prison de notre quartier c’est que tous les amis et quasiment tous les anciens employés  de notre chef de quartier s’y retrouvent. Il y en a à qui on reproche d’avoir trop regardé dans le gâteau du chef ou “mangé” l’argent qui devait servir à lui acheter un oiseau de compagnie appelé Albatros, d’autres d’avoir voulu chasser le chef du quartier alors qu’il se sentait encore en forme lors de la tenue du sommet du G11, d’autres encore d’avoir voulu financer ceux qui avaient besoin de construire une échelle pour escalader la clôture de sa résidence et voir ce que cache cette fameuse maison.
Pratiquement tous les anciens responsables gênants des entreprises du Grand Paulo sont embastillés.

Seulement, je me demande s’il sait que souvent comme Mandela, on part de la prison pour la tête de la chefferie et que parfois aussi on fait le trajet inverse? A faire enfermer toute cette bande d’incompétents comploteurs, on se demande bien qui leur a confié toutes ces affaires.

Heuuuu… Grand Paulo, si tu m’écoutes, sache que si tout le quartier est moche et que rien n’y change malgré tes promesses de “sentier pour tous en l’an 2000” (d’où l’état de nos routes),  des “grandes additions” ( oui, ces grosses factures à payer) puis d’immersion du quartier en 2035 (dans autant de tonneaux de vin), c’est que c’est le chef qui est incompétent. Mais aussi, le café se boit chaud, le fer se bat chaud. La seule chose qui se consomme froide c’est un plat de vengeance. Et un chef de quartier n’est pas un vengeur mais un guide. Stp, penses-y….

Achille Assako
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DE LA PEUR

Voici l’histoire de ce jour.

La dernière fois, je vous parlais de monsieur Paulo, notre chef de quartier qui ne cesse de nous montrer que c’est lui le vrai chef de notre quartier de Camaroes. D’ailleurs, il y a des gamins de notre quartier qui ne savent même pas que le poste de chef de quartier peut changer d’occupant. Des élections au “quatt” sont pourtant organisées tous les sept ans mais cela fait bien plus de 30 ans que nous n’avons pas eu un autre chef de quartier.  Le précédent qui venait du nord de la ville s’appelait Baba Toura et brillait par un nettoyage en règle de tous les bancs publics sur lesquels les gars qui avaient eu la malheureuse idée de le contredire se reunissaient. Plusieurs des gars du quatt réputés pour être de la confrérie rouge de l’ UPC (Unis dans la Puissance du Crabe) avaient même disparu sans trace après avoir “tapé les divers” sous cet arbre à palabres.  Des subversifs comme ça. ..

Avec notre nouveau chef de quartier Paulo, on ne disparaît plus. Noooon!!! Au contraire, il met à notre disposition plusieurs arbres bien ombrageux et sous lesquels taper les divers à longueur de journée. Au moins, ça occupe les gars du quartier et ils ne sentent pas trop le soleil, le manque d’argent et la famine qui vont avec. Si ventre affamé n’a point d’oreilles, il est aussi clair que bouche qui parle ne trouve pas le temps de manger. Mais si d’aventure tu reussis à manger en parlant sous l’arbre, il te met dans un enclos, le SED dont la vocation première n’est pas de vous aider mais vous faire céder.
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Alors la nouvelle est arrivée l’autre jour. Un autre chef de quartier, de la zone ouest de la ville s’est fait chasser par les gars de son quartier appelé Bikina. Quoi? Le grand chef Blaiso chassé? Tchieeeee!
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Pourtant le grand Blaiso était un gars que nous tous respections dans la ville. Il etait devenu champion en  matière de médiation des conflits interquartiers…
Par exemple, je me souviens du jour où les habitants du quartier Ivoire, non loin de la Côte se balançaient cailloux et pierres pour une sorte d’intifada tropicale alimentée et soutenue par nos ancêtres de la République Gauloise de Sarkozie. Comme Iron Man des comics, Blaiso était entré dans la danse pour négocier l’arrêt des hostilités.  En faveur de son cousin (un Ado du nom d’ Alassane) et en défaveur de son ennemi, un boulanger spécialiste de l’enfarinade et de l’entourloupe, Koudou qui pour l’occasion aurait bien pu s’appeler Coup Double… Ce dernier est gardé jusqu’à ce jour derrière La haie d’Europe. Et cette haie là, tente de la franchir si tu es Noir, tu verras. Or Koudou a épuisé son stock de farine pour se déguiser…. Donc…
Revenons à nos moutons ou nos éléphants… Bref…

Le grand Blaiso aimait pourtant écouter la chanson d’un gars du quatt qui s’appelle Franck de Blaiso et qui disait: ” Il est difficile de travailler sans salaire”. Et il parait que lui même aimait beaucoup à se verser le salaire maximal  à la chefferie mais avec un travail minimal. Un peu comme notre grand chef de quartier qui est souvent absent pendant plus d’un mois sans permission mais en étant toujours (grassement) payé.  Tente d’aller lui dire que ses absences font que des herbes folles poussent dans son jardin et que les rats de ses voisins entrent et volent chez lui , il va te répondre que “mon quartier c’est mon quartier, ma maison c’est ma maison, tant que ma maison respire, le quartier vit.” Comme si on ne le savait pas. Mouf.

En tout cas, comme on dit, si tu craches en l’air, ça va te retomber dessus. Le grand Blaiso avait même déjà oublié que ce fauteuil à plusieurs carats de chef de quartier avait été arraché dans le sang à Thomas son ami. Mais voilà que nos ancêtres de la République Gauloise de Hollande ont dit niet…  prétextant que le corrector qu’il voulait rajouter sur les textes avant de mettre une nouvelle date de départ au stylo rouge pour (re)continuer à être chef de quartier était non conforme. Ayiahhh… Quand même les ancêtres sont contre toi, tu n’as pas le choix, tu seras obligé d’aller te “laver au village”. Et tant pis si c’est dans le village de ton cousin Ado. Il te doit bien ça. Celui qui n’y voit rien dans cet écran de fumée est vraiment aveugle comme souvent au pays des éléphants intègres. Hein? … bon.

Alors ce qui me surprend c’est que depuis qu’on a appris cette nouvelle, les gars de mon quartier font comme s’ils etaient plus impliqués que les habitants de Bikina, fâchés dans leur colère contre le chef  Blaiso. Et il y en a que jai entendu dire “on veut le compa(o)rer à notre grand Paulo notre chef (toujours chaud gars) des grandes ambitions/réalisations ? Un petit chef qui n’atteint même pas 30 ans à la chefferie, des femmes armées de spatules  et de marmites lui disent que s’il tente sa maman on va lui montrer la montre de Montreal, lui  il s’enfuit comme un lapin? Cest même quel chef ça? Vraiment, Blaiso, tu souilles la chefferie!”

Les gars de mon quartier disent que Trop cest trooop! Que 27 ans de chefferie, c’est exagéré et que, depuis même, eux ils voulaient que quelqu’un se lève et chasse Blaiso.

J’ai regardé l’affaire.   Je leur ai demandé pourquoi personne ne pense à chasser le grand Paulo  de la chefferie du quartier de Camaroes, lui qui a 32 ans de commandement, et avec lequel le quartier ne s’est jamais aussi mal porté? Tout le monde s’est tu.
J’ai juste compris que les habitants du quartier des crevettes ont PEUR. Peur du lendemain. Peur du changement (sauf quand il sagit de changer le capitaine de l’équipe nationale de songo ball, Egoo, fils de Samy du village de Ngambe), peur de perdre leur confort parce que tant que le feu brûle chez le voisin, c’est bon, nous on s’en fout la mort. Mais un jour, un jour, en attendant le messie qui ira mourir pour eux, il y aura forcément inondations dans le quartier.  Et la villa du chef (qui respirait hier encore) sera engloutie… Et là, même les ancêtres le renieront. Et là. .. hum… je n’aimerai pas être là.  Dabord, moi je vais même bientot changer quartier. Je suis juste à la recherche des sous du loyer d’avance et de la caution. Que celui qui a des oreilles pour entendre. ..

NB: Toute ressemblance avec des faits ou personnes ayant existé ne serait que pure coïncidence.

Achille Assako.

Achille Assako
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DE L’ EXAGERATION

Tenez, voici l’histoire de ce jour.

Mon voisin, un vieux qu’on appelle “Monsieur Paul”,  personnage très influent de mon quartier a perdu sa belle mère et  a décidé de la faire enterrer dans son propre caveau familial. Dans son village à lui.  Sans exagérer.  Comme sa position lui confère des privilèges, il les transforme en passe droit. Ouste la tradition et vos coutumes bantoues séculaires. Allez dire. D’abord même, celui que ça énerve, surtout nos voisins de la zone Ouest du quartier, “saute et cale en l’air”. Et comme ils ont osé bouder au point de faire “gnac”,  sur les lieux du deuil, on leur a réservé des places sous le soleil. Sans ventilateurs !! Des incapables comme ça? Recevoir leur beau fils de chef de quartier les dépasse… En plus, où sont même les routes et les hôtels demie étoile dans leur zone marécageuse et montagneuse là?  Donc, garder la tombe d’une femme, cette mère maire qu’ils ont épousée va aussi les dépasser!

Et pour bien montrer que c’est lui le chef du quartier, il a obligé notre câbleur Amadou à diffuser la cérémonie de ces obsèques en direct sur la chaîne qui nous diffuse souvent des séries comme Bonapriso Hills, Santa Bepanda… Et ce n’est pas exagéré. 

Souvenez vous qu’un autre câbleur de notre quartier qui a une chaîne qu’on appelle Camer 2 avait lui aussi diffusé les obsèques de sa belle mère a la télé. Il a fait des émules on dirait. Et c’est même le défi désormais. Nous, au quartier on guette le prochain “grand deuil” que les deux “grands” là vont diffuser. Sans exagérer. Parce que c’est leur chose, ils vont mettre le direct à partir de la mise en bière. Où même pour l’annonce du décès.  Celui  qui n’est pas content saute et… cale au bar.

Le dernier qui ne cesse de me surprendre c’est un autre grand de notre quartier.  En fait c’est un grand qu’on appelle “Monsieur Yosep” et en fait c’est un grand que Monsieur Paul a nommé pour gérer les problèmes du sport national, le songo ball. Donc en fait c’est un grand qui lui-même est un petit quelque part. Sauf que Monsieur Yosep a décidé que tous les gars du quartier qui se reunissent tous les matins sous l’arbre et qui disent que ça ne “dose” pas dans le songo ball depuis qu’il a été nommé, il les fait enfermer. Cinq plaintes. Et boum.

L’un d’eux qui s’appelle Martin Kameni  de Hérésie Fm et qui reporte souvent les matches interquartiers de songo ball est visé et un autre a même été cueilli et mis en cellule au centre ville. Lui me fait rire.  Il a osé demander un avocat, on lui a répondu que ce n’était pas l’heure du repas et que de toute façon sa bouche ne lui sert qu’à bavarder, parler des choses qu’il ne maîtrise pas, diffamer monsieur Yosep. Un affamé comme ça.  Sans exagérer.

Seulement, il faut que Monsieur Yosep sache que les gars du quartier, ceux qui palabrent sous l’arbre chaque jour ont des griefs contre lui. Ils sont en train de voir comment fouiller dans sa poubelle. Ils trouveront bien quelque chose, question de continuer à alimenter leurs causeries quotidiennes entre concitoyens, bien que pour certains ils soient des cons citoyens. Ils ne font que causer. Et parfois leurs causeries parviennent aux oreilles de mon voisin Monsieur Paul. Et comme celui là n’a pas d’amis, hum…. Il sanctionne. Sans exagération.

Ps: Toute ressemblance avec des faits ou personnes existant ou ayant existé ne serait que pure coincidence.

Achille Assako

EDITO: 2018 est déjà là

Pour ceux qui comme  nous observent la scène politique au Cameroun, il est une constante: la population dans son immense majorité s’est désintéressée de la politique.
Un phénomène qui trouve ses sources dans l’incapacité de l’opposition camerounaise traditionnelle à proposer des options pouvant conduire à un veritable challenge avec le regime au pouvoir en vue d’une alternance. Mais aussi et surtout, ce dédain est la conséquence d’un ensemble de pratiques de la part du regime en place qui tripote les textes à sa guise, finance ses actions avec de l’argent public et de la sorte, verrouille le processus électoral, etc.

Le camerounais lambda pense donc qu’il “ne sert à rien de s’impliquer en politique parce que tout est presque toujours joué d’avance”. Et le “presque” ici a toute sa place. Car même si l’accès au pouvoir semble être verrouillé pour quiconque ne fait pas partie du “cercle”, des pistes et des acteurs existent néanmoins pour porter ce changement.

A trois ans de la prochaine élection présidentielle, il semble que le moment soit venu réfléchir à qui pourrait sérieusement prétendre à la succession du vieux “Lion de Mvomeka’a”.

QUI POUR SUCCEDER A PAUL BIYA?

Des dauphins potentiels, il en existe par dizaine. La question n’est cependant pas de savoir qui pourrait succéder à l’actuel président du Cameroun au pouvoir depuis 32 ans, mais qui aurait charisme et  personnalité tout en étant suffisamment éloignée du régime actuel? Car pour le peuple camerounais dans sa majorité, le but est la rupture après plus de soixante ans de gestion à court terme.

Certains observateurs sont particulièrement dubitatif quant à la capacité de plusieurs anciens pontes du régime actuel à revenir aux affaires sous la casquette de chef de l’état.  A l’image de Marafa Hamidou Yaya ou Polycarpe Abah Abah dauphins longtemps annoncés qui croupissent en prison après avoir été rattrapés par des affaires aux relents politico-judiciaires, toute la classe dirigeante actuelle est mise au ban des prétentions présidentielles. Pour avoir “traîné” dans l’ombre du prince, tous sont comme qui dirait contaminés.

Et dans l’opposition traditionnelle alors? Le constat est amer. Tout d’abord parce qu’elle subit de façon collatérale les dommages liés à la “pourriture” du régime actuel. Pourtant représentée à l’Assemblée Nationale, cette opposition n’arrive jamais à faire bloc (en dehors des revendications à propos des hausses des salaires des élus etc…), à défaut de faire barrage à la main mise du Rdpc dans la promulgation des lois. Le camerounais moyen voit en cette inertie un assujettissement de toute l’opposition au parti au pouvoir, faisant son jeu en dénonçant le jour ce qu’elle encouragera la nuit. Ni John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Bello Bouba,…et leurs affidés comme Edith Kah Walla, Jean Jacques Ekindi… ne semblent convenir ou convraincre dans le recherche d’une veritable alternance. Ce spectacle désolant ferait croire qu’il n’existe personne pour porter le destin du Cameroun dès 2018. Que non!

LE DERNIER ESPOIR

A force de fouiller, et sonder les désirs des potentiels électeurs camerounais, il apparaît que deux choses peuvent ramener la sérénité dans le processus électoral.  Premièrement, que le parti au pouvoir cesse d’utiliser les moyens financiers de l’état pour ses actions et ses candidats. Ceci aurait pour conséquence des batailles à armes  égales avec les candidats de l’opposition et des résultats crédibles  Ensuite, qu’il émerge un candidat auquel on n’aurait pas grand chose à reprocher sur le champ politique actuel. Des noms sont avancés, avec en pôle position un certain Serge Espoir Matomba.
Ce jeune (il vient à peine de franchir le cap des trente cinq ans) chef de parti politique a réussi, à coup de discours incisifs à se frayer une place dans l’opposition camerounaise. Pourtant, malgré que son parti politique le Peuple Uni Pour la Renovation Sociale (PURS) n’ait que cinq années d’existence, Serge Espoir Matomba a réussi à se faire élire au conseil municipal de la mairie d’arrondissement de Douala IV qui compte plus d’un million d’habitants. Ceci témoigne de sa grande capacité de mobilisation et parfois de nuisance lors des actions qu’il mène souvent, actions appuyées par son électorat à majorité jeune. Chef d’entreprise qui partage sa vie entre Paris, Lisbone et le Cameroun, il est devenu au gré de ses interventions une figure incontournable dans les médias et forums locaux. Il a le mérite de s’être “construit” tout seul, n’ayant fait partie d’aucune formation politique, (pouvoir et opposition réunis) avant la création du PURS,  ce qui lui permet de jouir d’une virginité politique, qualité quasiment introuvable dans le landernau camerounais. Il se fait d’ailleurs appeler “le bébé prédateur politique” par les caciques et apparatchiks du monde politique local.

En conclusion, 2018 c’est déjà demain. Et s’il fallait voter pour une alternance au pouvoir, ils ne sont pas nombreux qui pourraient prétendre au vote des camerounais. Il y a un espoir, celui de voir grandir ce jeune loup aux dents longues, Serge Espoir Matomba.  Mais il est toujours possible de se tromper.

Achille Assako
Journaliste

Achille Assako
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